Synthèse de la Table Ronde 2 : Controverse scientifiques, éthiques et technologiques
Six étudiants ont accepté de réaliser les synthèses des tables rondes du colloque international de la CNDP.
"La controverse ne doit pas être perçue de façon négative, elle permet d'éclairer la science et de la rendre plus compréhensible au profane"
L’atelier s’est tout d’abord attaché à définir la notion de controverse. La controverse repose sur deux éléments : l'objet de controverse et les acteurs du débat.
L’objet de la controverse n'est pas figé et évolue en passant des espaces scientifiques aux espaces publics. Il porte plus généralement sur les applications technologiques que sur des résultats scientifiques : seule une infime partie des controverses scientifiques deviennent ainsi des controverses publiques.
Les éléments qui favorisent l'émergence d'une controverse scientifique dans le débat public ont été identifiés : elles engagent un rapport à l'homme et à son corps, elles revêtent un caractère spectaculaire, elles interrogent l’organisation et les valeurs de la société, elles se concrétisent par des objets techniques nouveaux, et enfin interviennent dans un domaine professionnel réglementé (biologie par exemple). La controverse ne doit pas être perçue de façon négative, elle permet en effet d'éclairer la science et de la rendre plus compréhensible au profane.
Il existe de nombreux dispositifs de débat public qui prennent en charge ces controverses (débats publics CNDP, conférences de citoyens, ateliers participatifs etc.). Si ces dispositifs permettent une bonne information du public, ils paraissent peu efficaces en termes de participation: ainsi, il est parfois plus efficace pour faire entendre sa voix d'être en dehors du débat public. Des pouvoirs externes, comme le pouvoir des consommateurs seraient ainsi beaucoup plus efficaces que la participation au débat public.
Plusieurs recommandations ont été formulées pour mener à bien des débats publics sur les thématiques des controverses scientifiques.
La temporalité est essentielle : il faut pouvoir inscrire le débat sur un temps long et être capable d’anticiper la controverse. La CNDP pourrait alors se doter d'un réseau de correspondants alertant sur les controverses susceptibles d'émerger dans le débat public. Il serait alors possible d’accompagner en amont ces controverses, en lien avec d’autres organismes, pour éviter la radicalisation de conflits qui paralysent les débats ou les empêchent.
Une deuxième clé pour la réussite d'un débat public est la pluralité : pluralité des acteurs et des formes de débats. La pluralité des acteurs permet de compléter l’expertise traditionnelle en croisant les regards pour éviter l’affrontement d’idées préconçues et permettre, par l’argumentation, l’émergence de nouvelles questions, de nouveaux aspects du problème et de nouvelles solutions.
La pluralité des formes de débat apparait également fondamentale afin d’assurer une expression la plus large possible, en fonction des habitus et des compétences des publics. Pour s'assurer de la pluralité des acteurs, plusieurs principes doivent être présents : confiance, transparence et indépendance. Ces principes doivent être transcrits à travers des règles de débats établies à l'avance. La mise en place de règles communes est donc essentielle.
Flora Vincent
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